

Ce vendredi 2 septembre 2022, le cabinet du Ministre de l’Economie a réuni les parlementaires lorrains afin de nous présenter leurs pistes de propositions au gouvernement luxembourgeois en vue des négociations fiscales entre les deux pays en matière de télétravail. Le gouvernement nous annonce qu’il souhaite permettre d’amplifier le recours au télétravail en simplifiant les démarches pour les entreprises luxembourgeoise par la mise en place d’un acompte prélevé directement par la DGFiP.
Les conseillers de Bruno LE MAIRE nous ont annoncé leur volonté de proposer la possibilité d’un télétravail illimité pour les frontaliers français dans le cadre d’une compensation fiscale intergouvernementale. Les incertitudes restent trop nombreuses :
1) Sur le télétravail illimité :
La règlementation européenne prévoit qu’un frontalier travaillant plus de 25% de son temps de travail hors du territoire de son entreprise (ici le Luxembourg), ses cotisations basculent dans le pays de résidence (ici la France). Le gouvernement français compte-t-il dès lors désobéir à la législation européenne ?
2) Sur le système de compensation fiscale intergouvernemental :
Si les gouvernements s’arrangent déjà entre eux en termes fiscaux sur le volet télétravail, ne peut-on pas ouvrir des chantiers plus larges tels que celui de la rétrocession fiscale ? Par ailleurs, l’argent que la France recevrait du Luxembourg sera-t-il dédié aux collectivités locales qui assument la formation et financent les services publics essentiels à la vie des frontaliers ?
3) Sur les entreprises:
Ces accords ne prennent pas en compte la question des entreprises françaises qui pourraient délocaliser au Luxembourg et le risque accru de créer un différentiel néfaste entre les deux pays et notamment pour le secteur transfrontalier.
4) Sur l’acompte :
Quid de la méthode de prélèvement de l’acompte : quel mode de calcul ? Quel montant ? Quelle modalité de révision des taux revenant à la France ? En plus d’apprendre cela à la dernière minute, un tel accord risque à long terme de délocaliser le travail, et l’engagement de la part du Grand-Duché sur ces propositions ne fait l’objet d’aucune garantie.
Nous restons vigilant·e·s quant aux évolutions de ce dossier qui concerne les frontalier·e·s au quotidien, notamment à travers le prochain Projet de Loi de Finances.
Martine ETIENNE – députée LFI-NUPES de Meurthe-et-Moselle
Charlotte LEDUC – députée LFI-NUPES de Moselle
Olivier JACQUIN – sénateur PS de Meurthe-et-Moselle
COMMUNIQUÉ DE PRESSE – 19 avril 2022
Deliveroo vient d’être condamné pour travail dissimulé par le tribunal correctionnel de Paris. La reconnaissance de cette fraude est une étape majeure dans le combat pour les droits sociaux des travailleurs des plateformes numériques de travail et la lutte contre la « plateformisation » (aka l’ubérisation) toujours plus grande de notre société.
Depuis des mois je porte avec le groupe socialiste du Sénat le Parti Socialiste sur le plan politique ou avec des avocats et universitaires sur le terrain judiciaire, des propositions pour garantir à ces travailleurs un vrai statut protecteur : coopérative d’activité et d’emploi, présomption de salariat, inversion de la charge de la preuve en matière de requalification, transparence des algorithmes, responsabilité des plateformes… en nous appuyant sur plusieurs décisions de justice, dont l’arrêt de la Cour de Cassation du 4 mars 2020 requalifiant un chauffeur Uber en salarié affirmant qu’il était un « indépendant fictif ». Elles n’ont eu de cesse d’être balayées par le gouvernement et la droite sénatoriale qui préfèrent mettre en avant la création d’un « tiers statut » entre indépendance et salariat. Un véritable Cheval de Troie contre notre modèle social que nous avons combattu pied à pied : loi Avenir Pro (2018), loi d’orientation des mobilités (2019) ou encore récemment la ratification des ordonnances dites Mettling.
Alors que la directive présentée par le Commissaire Nicolas Schmit – qui reprend l’intégralité des positions que je défends – sera à l’ordre du jour du Conseil de l’Union Européenne de juin, il est plus que temps que la France prenne enfin le chemin de la régulation à l’instar de nombreux pays européens et de nombreuses décisions de justice sur tout le continent.
© 2025 Olivier Jacquin
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