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TRIBUNE – En pleine crise de l’énergie, il est temps de déclarer l’état d’urgence ferroviaire

Le Monde publie dans son édition du jour (en ligne hier) la tribune que je cosigne avec mes collègues sénateurs Jacques Fernique (EELV, Bas-Rhin) et Gérard Lahellec (PCF, Côtes d’Armor).

A l’heure de la crise écologique, à laquelle s’ajoute depuis quelques mois une crise énergétique, le gouvernement a signé en catimini le contrat décennal avec SNCF Réseau qui gère les voies et donc les travaux. Or il manque 1Md€/an pour assurer une régénération et une modernisation du réseau existant ! Avec 10Mds€ manquants sur la décennie, c’est une mise en danger inégalée pour les petites lignes (IUC 7 à 9 dans le jargon) mais également pour beaucoup de lignes moyennes (IUC 5 et 6) !

Nous avons pourtant alerté lors des auditions au Sénat, les régions et les professionnels du fret se sont mobilisés, l’autorité de régulation des transports a rendu un avis très mitigé et formulé nombre de propositions… en vain. Le contrat n’a pas été modifié et c’est uniquement grâce à la presse spécialisée (Contexte) que nous avons appris début juin que le contrat avait été signé en … avril !

Nous prenons donc la plume pour alerter sur les conséquences de cette signature, de l’incohérence de la politique macroniste en matière de transports et affirmer qu’une autre politique ferroviaire est possible !

Le texte de la tribune :

Emmanuel Macron s’est opportunément converti à l’écologie dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, parlant de « planification » et annonçant vouloir réinvestir dans le ferroviaire, mais le naturel est vite revenu au galop : absence de ministre des transports pendant un mois, rétrogradation du ministère de l’écologie dans l’ordre protocolaire, propos approximatifs sur les seules petites lignes dans la déclaration de politique générale de la première ministre pourtant spécialiste des transports…

Cela s’est également illustré par la signature en catimini du nouveau contrat de performance de SNCF Réseau alors qu’il avait réussi l’exploit de faire l’unanimité de tous les acteurs concernés contre lui lors de sa présentationau mois de mars avec deux ans de retard ! L’autorité de régulation des transports a même qualifié ce document, qui détermine les investissements sur l’ensemble du réseau ferroviaire pour la décennie à venir, d’« occasion manquée » tant il maintient la tête de la SNCF sous l’eau financièrement, empêchant de fait une amélioration de l’état du réseau. Dans ces conditions, il sera impossible de doubler la part du train dans les années 2030 comme le souhaite le PDG de la SNCF, et donc d’atteindre nos objectifs climatiques !

Alors que la politique ferroviaire doit être menée sur du long terme et sans à-coup, le gouvernement a opéré ces derniers mois un double tête-à-queue, nouvelle déclinaison du « en même temps » ?

Rééquilibrer la compétitivité du rail

Un premier à l’été 2021 lorsque Emmanuel Macron a remis en cause la priorité aux transports du quotidien en annonçant la construction de trois nouvelles LGV. Si elles peuvent présenter des intérêts localement, ces lignes restent non financées et viennent déséquilibrer une programmation des infrastructures déjà insuffisante. Pire, elles ne sont même pas traduites dans le nouveau contrat de performance !

Le second tête-à-queue vient de latrès forte augmentation prévue des prix des péages ferroviaires – de 30 % selon nos calculs à partir des données du document cadre –, alors qu’ils sont déjà les plus chers d’Europe, empêchant de fait de rééquilibrer la compétitivité du rail face à la route. Dès lors, comment le gouvernement compte-t-il relancer le ferroviaire s’il le rend plus cher pour l’ensemble de ses usagers ?

Parce que ce combat est le nôtre depuis des années, nous continuons de défendre une politique ferroviaire alternative, à même de générer une baisse tendancielle du coût du service public, d’assurer un maillage équilibré du territoire et de répondre à l’urgence écologique.

Il est urgent de donner un vrai modèle économique au rail, pour les voyageurs comme pour le fret. Le gouvernement n’a pas assez profité du « quoi qu’il en coûte » et des plans de relance pour le faire. En ce temps de crise de l’énergie, réaffirmons que le fer est plus résilient que l’aérien et la route en reconnaissant leurs externalités négatives.

Régénération et modernisation

Malgré la reprise de 35 milliards d’euros de dette de SNCF Réseau et les fonds de relance vers le fret et les trains de nuit, nous savons qu’il manque au moins un milliard d’euros par an au gestionnaire d’infrastructure pour envisager un maillage équilibré du territoire et offrir une alternative de mobilité à nos concitoyens. Donnons-le-lui !

Nous savons que notre réseau vieillit : 29 ans en moyenne contre 17 en Allemagne. Accélérons sa régénération et sa modernisation pour augmenter la sécurité et les fréquences sur les sillons, avec une vraie stratégie qui n’est aujourd’hui pas proposée.

Nous savons que plusieurs régions sont volontaires pour rénover à leurs frais les « petites lignes ». L’Etat doit les accompagner.

Nous savons que la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre passera d’abord par le report modal, et notamment des marchandises de la route vers le rail. Affirmons le principe « pollueur-payeur » et mettons véritablement les moyens financiers et techniques pour atteindre le doublement de la part du fret.

Il est temps de déclarer l’état d’urgence ferroviaire. Ce contrat de performance de SNCF Réseau est la dernière brique de l’équilibre instable de la politique ferroviaire, et plus largement des transports, du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. C’est pourtant la première pierre à poser pour se remettre dans la trajectoire carbone que la France et l’Union européenne se sont fixée : − 55 % en 2030. Il ne peut pas être un simple « contrat d’assainissement financier ». Il faut le réviser sans attendre !

Jacques Fernique est sénateur EELV du Bas-Rhin, responsable des questions de transport pour le groupe écologiste du Sénat ; Olivier Jacquin est sénateur PS de Meurthe-et-Moselle, secrétaire national du PS chargé des transports et des mobilités ; Gérard Lahellec est sénateur PCF des Côtes-d’Armor, ancien vice-président chargé des transports de la région Bretagne (2004-2020). Tous trois sont membres de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat.

LEGISLATIVES – Y a-t-il encore des Français qui pensent que Macron est de gauche ? ou Comment il vient de faire disparaître la droite.

La principale imposture de Macron a été de faire croire en 2017 que son logiciel était de gauche. Effectivement né par la grâce de François Hollande, il devait transformer le pays en faisant de la politique autrement, en n’étant ni de droite ni de gauche, et même mieux, étant et de droite et de gauche. Or, après cinq ans d’exercice du pouvoir, la seule chose qu’il semble avoir réussi à transformer c’est son électorat, comme le dit si bien Marcel Gaucher ; du centre gauche à la droite libérale classique.

Le peu que nous connaissons de son projet pour le nouveau quinquennat ne fait que confirmer cette orientation : pas de retour de l’ISF, aucune fiscalité nouvelle pour changer de modèle, retraite à 65 ans, attaque des services publics… quoi de plus normal que nos concitoyens de droite se soient dirigés vers cette option politique à la présidentielle et aient confirmé lors du premier tour des législatives ? Même le quoi qu’il en coûte en est une preuve manifeste en ce qu’il ne contient rien de redistributif. Bien sûr il a permis de sauver le tissu économique, mais aucunement à le transformer et à l’aider à s’adapter à la nécessaire transition écologique.

Les conservateurs ont en cohérence choisi de voter pour la « renaissance » (nouveau nom de LREM) qui n’est rien d’autres qu’un bon vieux programme de la fin du XXe siècle. Mais cela a eu un effet collatéral positif, celui de permettre le rebond de la gauche. Maintenant que l’’imposture Macron, et de droite et de droite, a été révélée et comprise, la gauche peut revivre. Elle fait d’ailleurs aujourd’hui jeu égal avec la coalition d’un président tout juste réélu. Une première ! Qui aurait pu imaginer cela il y a encore 6 mois alors que nous imaginions une primaire (populaire?) pour envisager l’union, et encore plus au soir du premier tour de la présidentielle ? Les électeurs de gauche nous ont forcé à nous unir, nous les avons entendus, nous l’avons fait et le résultat est là ! La gauche sera à minima la première force d’opposition à l’Assemblée et toutes ses composantes disposeront d’un groupe parlementaire. Nous nous présentons aux suffrages unis dans notre diversité, avec un projet clair.

Dimanche, les électeurs ont la possibilité de montrer que l’union fait la force. Que la justice sociale et environnementale sont plus intéressantes et porteuses d’avenir que le travailler plus pour gagner moins. Confirmons collectivement cette nouvelle dynamique faveur d’une gauche de transformation sociale et écologique et mettons Emmanuel Macron en minorité.

©️ Canard Enchainé

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