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LEGISLATIVES – Y a-t-il encore des Français qui pensent que Macron est de gauche ? ou Comment il vient de faire disparaître la droite.

La principale imposture de Macron a été de faire croire en 2017 que son logiciel était de gauche. Effectivement né par la grâce de François Hollande, il devait transformer le pays en faisant de la politique autrement, en n’étant ni de droite ni de gauche, et même mieux, étant et de droite et de gauche. Or, après cinq ans d’exercice du pouvoir, la seule chose qu’il semble avoir réussi à transformer c’est son électorat, comme le dit si bien Marcel Gaucher ; du centre gauche à la droite libérale classique.

Le peu que nous connaissons de son projet pour le nouveau quinquennat ne fait que confirmer cette orientation : pas de retour de l’ISF, aucune fiscalité nouvelle pour changer de modèle, retraite à 65 ans, attaque des services publics… quoi de plus normal que nos concitoyens de droite se soient dirigés vers cette option politique à la présidentielle et aient confirmé lors du premier tour des législatives ? Même le quoi qu’il en coûte en est une preuve manifeste en ce qu’il ne contient rien de redistributif. Bien sûr il a permis de sauver le tissu économique, mais aucunement à le transformer et à l’aider à s’adapter à la nécessaire transition écologique.

Les conservateurs ont en cohérence choisi de voter pour la « renaissance » (nouveau nom de LREM) qui n’est rien d’autres qu’un bon vieux programme de la fin du XXe siècle. Mais cela a eu un effet collatéral positif, celui de permettre le rebond de la gauche. Maintenant que l’’imposture Macron, et de droite et de droite, a été révélée et comprise, la gauche peut revivre. Elle fait d’ailleurs aujourd’hui jeu égal avec la coalition d’un président tout juste réélu. Une première ! Qui aurait pu imaginer cela il y a encore 6 mois alors que nous imaginions une primaire (populaire?) pour envisager l’union, et encore plus au soir du premier tour de la présidentielle ? Les électeurs de gauche nous ont forcé à nous unir, nous les avons entendus, nous l’avons fait et le résultat est là ! La gauche sera à minima la première force d’opposition à l’Assemblée et toutes ses composantes disposeront d’un groupe parlementaire. Nous nous présentons aux suffrages unis dans notre diversité, avec un projet clair.

Dimanche, les électeurs ont la possibilité de montrer que l’union fait la force. Que la justice sociale et environnementale sont plus intéressantes et porteuses d’avenir que le travailler plus pour gagner moins. Confirmons collectivement cette nouvelle dynamique faveur d’une gauche de transformation sociale et écologique et mettons Emmanuel Macron en minorité.

©️ Canard Enchainé

LEGISLATIVES – Votons pour l’union de la gauche et des écologistes

C’est une des raisons qui m’ont poussé à soutenir dès le départ la création d’une coalition de gauche au niveau national, ce que nous n’avions pas réussi à faire depuis 1997 et que le c électeurs de gauche souhaitent ardemment. Les résultats de l’élection présidentielle ont été particulièrement clairs à cet égard. La NUPES a réveillé un espoir à gauche et créé un outil politique permettant d’empêcher de signer un chèque en blanc à Emmanuel Macron et à tracer des perspectives d’avenir : justice sociale, justice fiscale, justice environnementale, retour du Parlement dans notre ordre démocratique…

Sénateur depuis 2017 j’affirme que ce pouvoir ne respecte pas les institutions et le temps démocratique, trop content de détenir une majorité pléthorique et au garde à vous à l’Assemblée nationale. Le Sénat a été l’un des seuls contre-pouvoir lors du premier quinquennat. Il est donc urgent d’élire un maximum de députés de gauche et écologistes les 12 et 19 juin prochains. Je le dis haut et fort, non !ne pas détenir une majorité absolue ne remet pas en cause notre ordre constitutionnel mais au contraire renforce la démocratie en ce que cela contraint à la discussion, au débat, au compromis ; tout ce qui nous a manqué ces cinq dernières années.

Dimanche nous avons 577 occasions de revigorer notre démocratie. Je vous invite à vous en saisir où que vous soyez, tout comme je le ferai en votant dans ma circonscription pour Dominique Potier.

Dans son premier quinquennat pour freiner Macron il y avait encore la perspective de sa réélection aujourd’hui il n’aura plus de limite pour poursuivre son entreprise de destruction du modèle français au nom d’une idéologie néolibérale dépassée ! Il n’y a pas de risque de cohabitation avec ce mode de scrutin est dans ce contexte et quand bien même pour ceux qui s’en souviennent les périodes de cohabitation étaient nettement plus démocratique que cette assemblée de godillots que nous venons d’avoir pendant cinq ans !À vos bulletins, vive la démocratie, vive la France vive la république et surtout vive la République !

TRIBUNE – Pour un état d’urgence ferroviaire

Ravi de signer cette tribune dans Alternatives économiques avec Jacques Fernique, Sénateur EELV de Bas-Rhin, et Gérard Lahellec, Sénateur PCF des Cotes d’Armor.
Nous dénonçons le malthusianisme ferroviaire macroniste depuis des années. L’absence de ministère des transports et le contrat de performance de SNCF Réseau ne font que confirmer nos craintes.
tribune ferroviaire alter éco

Lors de son meeting de Marseille, Emmanuel Macron s’est opportunément converti à la cause écologique, parlant de « planification » et annonçant vouloir réinvestir sur le ferroviaire. L’absence de ministre des Transports dans le nouveau gouvernement et la présentation début mars du nouveau contrat de performance de SNCF Réseau montrent cependant une véritable contradiction avec cet engagement. En effet, ce plan ferroviaire à 10 ans qui maintient la tête de la SNCF sous l’eau financièrement, empêchant une amélioration de l’état du réseau pourtant vieillissant, et prévoit une augmentation des péages ferroviaires de 30%, empêchant de rééquilibrer la compétitivité du rail face à la route. Dans ces conditions, il sera impossible de doubler la part du train en 2030 comme le souhaite Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF (1). Parce que ce combat est le nôtre depuis des années, nous continuons de défendre une politique ferroviaire alternative à celle menée depuis 2017 et à même d’assurer un maillage équilibré du territoire et la nécessaire transition écologique.

 

La méthode et les priorités du Gouvernement ont d’abord été consensuelles avec les Assises nationales de la mobilité qui priorisaient les mobilités du quotidien, adossées au rapport du Conseil d’orientation des infrastructures sur les besoins de financement de nos infrastructures et proposant des scénarios de réalisation. Mais pressé de réformer tous azimuts, l’exécutif a préféré se payer un symbole en ordonnant l’ouverture à la concurrence et supprimant brutalement le statut des cheminots.

En faisant passer le pacte ferroviaire avant la loi d’orientation des mobilités (LOM), c’est toute la politique des transports du gouvernement qui dérailla irrémédiablement.

Alors que l’urgence climatique n’a jamais été aussi prégnante, il a fallu attendre les ultimes semaines du quinquennat pour que soit présenté, avec deux ans de retard, le nouveau contrat de performance de SNCF Réseau. Il s’agit ni plus ni moins du document qui détermine les investissements sur l’ensemble du réseau ferroviaire français pour la décennie à venir ! Le gouvernement a même réussi l’exploit de faire l’unanimité de tous les acteurs concernés contre ce projet ; l’autorité de régulation des transports allant même jusqu’à qualifier le document d’« occasion manquée » (2).

Alors que la politique ferroviaire doit être menée sur du long terme et sans à-coup, le gouvernement a opéré ces derniers mois un double tête-à-queue, nouvelle déclinaison du « en même temps » ?

Un premier, en juillet dernier, lorsque le président Macron a remis en cause la priorité aux transports du quotidien en annonçant la construction de quatre nouvelles lignes à grande vitesse. Si elles peuvent présenter des intérêts localement, ces lignes restent non financées et viennent déséquilibrer la programmation des infrastructures de la LOM, déjà insuffisante. Pire, elles ne sont même pas traduites dans le contrat de performance !

Le second tête-à-queue est directement contenu dans ce document cadre : une très forte augmentation des prix des péages ferroviaires, alors qu’ils sont déjà les plus chers d’Europe ! Après la crise des gilets jaunes, la pandémie et ses confinements et alors qu’il faut plus que jamais relever le défi climatique, comment le gouvernement pense-t-il pouvoir relancer le ferroviaire en le rendant plus cher pour l’ensemble de ses usagers ?

En ce temps de crise de l’énergie, il nous faut réaffirmer que le fer est plus résilient que l’aérien et la route. Il est urgent de donner un vrai modèle économique au rail, que ce soit pour les voyageurs ou le fret, en reconnaissant les externalités négatives, puisque le gouvernement n’a pas assez profité du « quoi qu’il en coûte » et des plans de relance pour le faire.

Malgré la reprise de la dette de SNCF Réseau (35Mds€) dans le cadre du Nouveau Pacte Ferroviaire et les fonds de relance vers le fret et les trains de nuit, nous savons qu’il manque au moins 1 milliard d’euros par an au gestionnaire d’infrastructures pour envisager un maillage équilibré du territoire et offrir une alternative de mobilité à nombre de nos concitoyens. Donnons-le-lui !

Nous savons que notre réseau est vieillissant : 29 ans en moyenne contre 17 en Allemagne. Il faut accélérer sa régénération et sa modernisation pour augmenter la sécurité et les fréquences sur les sillons, avec une vraie stratégie qui n’est aujourd’hui pas proposée.

Nous savons que plusieurs Régions sont volontaires pour rénover à leurs frais les « petites lignes ». L’État doit les accompagner.

Nous savons que la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre passera d’abord par le report modal, et notamment des marchandises de la route vers le rail. Affirmons le principe « pollueur-payeur » et mettons véritablement les moyens financiers et techniques pour atteindre le doublement de la part du fret.

 

Ce contrat de performance de SNCF Réseau est la dernière brique de l’équilibre instable de la politique ferroviaire, et plus largement des transports, du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. C’est pourtant la première pierre à poser pour se remettre dans la trajectoire carbone que la France et l’Union Européenne se sont fixées : -55% en 2030. Il ne peut pas être un simple « contrat d’assainissement financier » (3). Il faut le réviser sans attendre !

Il est temps de déclarer l’état d’urgence ferroviaire. Pour le climat et pour l’emploi.

 

Olivier JACQUIN, Sénateur PS de Meurthe-et-Moselle

Jacques FERNIQUE, Sénateur EELV du Bas-Rhin

Gérard LAHELLEC, Sénateur PCF des Côtes-d’Armor



[1] « Le fer contre le carbone », Jean-Pierre Farandou, 10 février 2022.

[2] Bernard Roman, président de l’ART, lors de son audition au Sénat le 9 février 2022

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