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Dépôt de ma nouvelle proposition de loi contre l’ubérisation

APRÈS PLUS D’UN AN DE TRAVAIL, J’AI DÉPOSÉ CE VENDREDI MA NOUVELLE PROPOSITION DE LOI « RELATIVE À LA PROTECTION DES TRAVAILLEURS INDÉPENDANTS PAR LA CRÉATION D’UN DEVOIR DE VIGILANCE, À LA DÉFENSE DU STATUT DE SALARIÉ ET À LA LUTTE CONTRE L’INDÉPENDANCE FICTIVE » DONT VOICI UN RÉSUMÉ COMPLET :

photo BAT ppl vigilance/représentation

La part des indépendants dans l’emploi total est de nouveau en croissance en France depuis le milieu des années 2000, notamment suite aux créations des statuts d’auto et de micro entrepreneurs. Selon l’INSEE, les indépendants représentaient 12% de la population en emploi en 2019, soit plus de 3 millions de personnes et considérait, en 2017, que 20% d’entre eux étaient dépendants économiquement à un client ou à un intermédiaire, soit plus de 600 000 travailleurs.

L’externalisation de la main d’œuvre par le recours à des travailleurs indépendants est aujourd’hui une pratique massive des entreprises qui place de plus en plus de personnes en dehors des filets de protections des salariés. Ce phénomène est accéléré par l’économie numérique et le développement des plateformes numériques de travail.

Depuis 2018, le gouvernement s’emploie principalement à protéger les plateformes plutôt que les travailleurs. Sa stratégie : des « chartes » dont la conséquence est de tordre le droit et de produire de la jurisprudence à coup de décrets afin d’éviter les requalifications. In fine, le gouvernement, en collusion avec certaines plateformes, vise à créer un tiers statut entre salariat et indépendance qui écornera gravement le droit du travail. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un Cheval de Troie contre le code du travail.

Actuellement, une course de vitesse est engagée entre cette dérégulation néolibérale des plateformes numériques et l’habitude que prennent les consommateurs à utiliser ces nouveaux services, parmi lesquelles la livraison à domicile que les confinements ont particulièrement mis en avant.

La proposition de loi déposée vise donc à apporter des réponses à ces déséquilibres afin de lutter contre le recours au travail « indépendant fictif », terme usité par la Cour de Cassation, et de proposer des solutions à mêmes de garantir aux travailleurs indépendants des protections minimales.

Elle part du refus d’instituer un « tiers statut » entre le salariat et l’indépendance. Elle s’inscrit dans la ligne directe des deux recours constitutionnels des parlementaires socialistes contre les « chartes » que le gouvernement souhaitait inscrire dans les lois Avenir Pro en 2018 puis LOM en 2019 ; mais également de la proposition de loi visant à rétablir les droits sociaux des travailleurs numériques présentée par les sénateurs socialistes en janvier 2020 autour de la double idée de requalification des travailleurs des plateformes en salariés et de promotion de la coopérative d’activités et d’emploi (CAE) et du statut d’entrepreneur-salarié associé.

Ce refus du tiers statut et la valorisation de la CAE sont par ailleurs deux solutions portées par le rapport de la mission, instituée par le gouvernement suite au recours constitutionnel contre la LOM, nous avions donc raison de mettre en avant ces deux points depuis des mois.

Parce qu’il n’y a plus de temps à perdre, je présente une nouvelle proposition de loi reposant sur trois volets innovants :

  • La définition d’une « action de groupe » qui permettra des requalifications collectives en salarié.
  • L’amélioration de la représentation de ces travailleurs pour développer un dialogue social équilibré en attendant l’instauration de véritables élections professionnelles.
  • L’extension du « devoir de vigilance » à l’ensemble des entreprises ayant recours à des travailleurs indépendants.

Webinaire – Après les chartes et le rapport « Frouin », quelle régulation pour les plateformes de travail ?

Suite à la remise du rapport Frouin au gouvernement et au dépôt de ma nouvelle proposition de loi pour mettre des garde-fous à l’ubérisation, je participais à ce webinaire co-organisé par la Fondation Jean Jaurès et le groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain du Sénat.

Vous pouvez retrouvez nos débats ici.

Le sujet du statut des travailleurs de plateforme, chauffeurs et livreurs à vélo, et de leur représentativité, est de nouveau dans l’actualité. Le 2 décembre 2020, Jean-Yves Frouin, ancien président de la chambre sociale de la Cour de cassation, a remis au gouvernement son rapport « Réguler les plateformes de travail ». Incluant un comité d’experts, à qui le Premier Ministre avait confié, en janvier 2020 puis en juin, le soin de formuler des propositions en matière de statut, de dialogue social et de droits sociaux liés aux plateformes numériques de travail, la mission « Frouin » rejette le « tiers statut ». Elle recommande l’affiliation des travailleurs à une structure tierce, coopérative d’activité et d’emploi (CAE) ou société de portage salarial et propose une représentation des travailleurs fondée sur des élections dans chaque plateforme, après une période d’expérimentation. Nous évoquerons également des propositions nouvelles, comme par exemple un « devoir de vigilance » élargi à toute entreprise, manière de responsabiliser les donneurs d’ordre envers leurs sous-traitants.

Débattons-en avec :

Jean-Yves Frouin, Ancien président de la chambre sociale de la Cour de cassation et auteur du rapport

Olivier Jacquin, Sénateur de Meurthe-et-Moselle, Secrétaire national du PS

Véronique Révillod, Secrétaire générale adjointe de la CFDT Services

Fatima Bellaredj, Confédération générale des Scoop

Brahim Ben Ali, Chauffeur VTC, Secrétaire général du syndicat INV

Hind Eldrissi, Cofondatrice de Wemind et du syndicat Indépendants.co

Patrick Levy-Waitz, Président de la fondation Travailler Autrement

Teddy Pellerrin, Fondateur et dirigeant de Heetch

Jérôme Pimot, Cofondateur du CLAP

Stéphane Vernac, Professeur de droit

 

Débat animé par Jérôme Giusti, avocat et co-directeur de l’Observatoire Justice de la Fondation Jean Jaurès

 

 

Contexte et actualité :

La Fondation Jean Jaurès a remis un rapport, en janvier 2020, « Pour travailler à l’âge du numérique, défendons la coopérative ! », coécrit par Jérôme Giusti, avocat et co-directeur de l’Observatoire Justice et Thomas Thévenoud, ancien ministre et député, qui préconisait déjà la CAE comme mode d’emploi sécurisé et mutualisé des travailleurs de plateforme. Cette proposition, pensée de façon alternative, mais non obligatoire, aux chartes voulues par le gouvernement, était issue d’un travail collaboratif de plus d’un an, avec l’ensemble des parties prenantes. Il était sorti concomitamment à l’examen de la proposition de loi présentée par Monique Lubin, Nadine Grelet-Certenais, Olivier Jacquin et le groupe socialiste du Sénat, le 15 janvier 2020, qui instituait un recours à la CAE pour les travailleurs de plateformes qui ne pourraient être requalifiés.

Suite à la remise du rapport Frouin, le débat porte aujourd’hui sur le caractère incitatif ou obligatoire, au-delà de certains seuils, de la CAE, en concurrence avec le portage salarial. Des voix s’opposent contre une instrumentalisation de la coopérative. Certains rappellent la nécessité de la requalification de tous les travailleurs en travailleurs salariés. D’autres dénoncent la possible connivence avec les plateformes. Nous y voyons, quant à nous, une redécouverte du statut coopératif pour pallier les insuffisances d’un modèle libéral, isolant et insécurisant les travailleurs de plateforme. Ce qui est toutefois certain, c’est que beaucoup rejettent le modèle des chartes et du tiers statut contre la volonté du gouvernement.

En parallèle et depuis notre rapport, des organisations de travailleurs indépendants se sont créées ou renforcées. Ralliant ainsi la position de beaucoup de syndicats, tous demandent instamment une meilleure représentation des travailleurs auprès des plateformes. Le recours à des élections professionnelles, que le rapport Frouin préconise d’ailleurs après une négociation sociale et une période de transition, est demandé par certains mais le débat porte aujourd’hui sur la nécessité ou pas de recourir à cette période de transition.

Enfin, ce 7 décembre 2020, le sénateur Olivier Jacquin et plusieurs de ses collègues ont déposé une nouvelle proposition de loi relative à la protection des travailleurs indépendants par la création d’un devoir de vigilance, à la défense du statut de salarié et à la lutte contre l’indépendance fictive.

Tribune – Faut-il sauver le soldat Frouin ?

tribune frouin uber

Toujours en attente du rapport Frouin sur l’ubérisation, nous dénonçons les méthodes du gouvernement qui se moque de l’ensemble des acteurs : Parlement, chauffeurs, Conseil constitutionnel et même de la commission qu’il à lui-même instituer… tout en continuant de protéger les plateformes.

Merci à Alternatives Economiques de publier notre tribune.

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